Par Collectif | 9 December 2018
Nous avons l’espoir que les Gilets Jaunes changent en profondeur l’organisation du pouvoir en France : rendre le pouvoir aux gens par la démocratie directe, rendre les communes libres par l’autonomie des territoires, et réformer la fiscalité pour la rendre au service des gens. Les élections municipales puis présidentielles arrivent bientôt : qui pourrait leur résister ?
Au début, notre mouvement s’est contenté de soutenir et d’apporter notre petite pierre à l’action entreprise par les Gilets Jaunes, en défendant leurs actions ou lors de leurs Assemblées Générales. D’autres mouvements amis, en Savoie notamment, ont fait de même. Nous nous sentions des affinités, dans la lutte contre le centralisme, la dénonciation d’un pouvoir lointain et autoritaire et la nécessité de donner aux citoyennes et citoyens les moyens d’organiser, eux-mêmes, leur quotidien.
Aujourd’hui, le soutien est associé à un enthousiasme et même un espoir de voir ce mouvement déboucher sur des changements majeurs de l’organisation du pouvoir en France. Bref, nous souhaitons une réussite à ce mouvement, et les signes en faveur de cette perspective sont nombreux. Sur quoi se fonde notre optimisme ?
Sur le fait que le mouvement n’a subi aucune démobilisation depuis la maladroite, mais vicieuse tentative du gouvernement d’ouvrir une négociation selon ses termes en vue de conserver le pouvoir qu’il lui reste. Il assure une présence continue et diverse sur tous les territoires, où les revendications reflètent les difficultés quotidiennes éprouvées par leurs habitant.e.s. Il est parvenu à rendre impossible toute récupération par les mouvements politiques de toute sorte même si les médias s’échinent à vouloir faire entrer ce mouvement dans le clivage habituel entre « droite » et « gauche ». S’ajoute à cela que, parmi les forces de l’ordre, des personnes se sentent de plus en plus du mauvais côté, dénoncent la répression gouvernementale violente et préfèrent se mettre en arrêt, plutôt que de charger des manifestant.e.s avec lesquel.le.s, au fond, elles se reconnaissent. Et puis, surtout, sur la convergence de plusieurs formes de révoltes : celles des lycéen.ne.s exclu.e.s de toute prise de décision sur leur avenir, des agricultrices et agriculteurs malmené.e.s, des enseignant.e.s qui aimeraient garantir un avenir meilleur que celui que promet le gouvernement et des commerçant.e.s, entrepreneurs et artisans qui peinent à maintenir leurs activités face aux cadeaux sans cesse concédés aux grandes entreprises. Les Gilets Jaunes ont donc réussi leur pari : fédérer la France en colère, celles des oublié.e.s du pouvoir parisien. Face à cela s’exprime partout la crainte grandissante des gouvernants et de celles et ceux qui profitent de ce système politique injuste : mises en garde-à-vue, arrestations arbitraires, diffamations de tous ordres.
Au-delà de ces signes, un message de plus en plus clair émerge et nous ne pouvons que le partager : plus de démocratie directe et plus de contrôle sur nos représentant.e.s !
Tout cela indique un chemin tout tracé qui va porter nos ami.e.s gilets jaunes à ne plus se contenter de vouloir « être entendu.e.s » mais à prendre progressivement le contrôle des mairies, puis de l’assemblée nationale. Nous pensons désormais que ce mouvement peut chasser l’aristocratie au pouvoir. Les élections municipales arrivent bientôt : qui pourrait leur résister ? Macron, avec son 21% de popularité dans les sondages ? Les autres vieux partis politiques, avec leurs castes déconnectées du quotidien populaire ? Chez nous, en tout cas, nous irons voter toutes et tous pour notre buraliste, actif chez les gilets jaunes et démocrate convaincu. Et pour la première fois, nous sentons que nous sommes nombreuses et nombreux.
Il n’est pas compliqué de savoir ce qu’il faut faire en France pour en finir avec un système politique à bout de souffle : rendre le pouvoir aux gens par la démocratie directe, rendre les communes libres par l’autonomie des territoires, et réformer la fiscalité pour la rendre au service des gens, par la création d’une solidarité libérée de la bureaucratie d’état. Aucune étude, aucun interlocuteur sérieux ne conteste ce constat ; il suffit pour s’en faire une idée de regarder ce qui se passe chez nos voisins, notamment en Suisse. La difficulté n’est pas de savoir ce qu’il faut faire, c’est de savoir qui peut le faire. Certainement pas quelqu’un issu de ce système qui, pour réussir à gouverner, doit se construire une clientèle qui lui demandera un retour sur investissement. Aujourd’hui Macron a un pouvoir énorme et ne le partagera jamais de son plein gré, comme personne avant lui. Les professionnel.le.s de la politique ont une grande expertise en matière de conquête et de conservation du pouvoir, mais faire de la politique pour le bien commun, ils ne savent pas le faire.
Pour cette raison, les seuls qui sont capables aujourd’hui de nous sortir de ce trou noir démocratique et économique ce sont les Gilets Jaunes. Il n’y a pas besoin d’être énarque. Il faut simplement être libre. Les Gilets Jaunes n’ont promis rien à personne, et ils sont nombreux. Nous sommes nombreux. Ils sauront appliquer les recettes simples que les élus normaux ne peuvent pas faire.
Nous les soutenons donc tout en les encourageant à s’engager sur un programme et à prendre le pouvoir. Ils pourront compter sur nous pour faire campagne pour eux.